Bages





Brigitte Kühlewind Brennenstuhl s'expose à Bages

Pour cette artiste singulière, une exposition, c’est une expérience de vie, l’investissement d’un lieu, une création au plein sens du terme. Peintre nomade, elle plante sa tente, met des rideaux aux fenêtres, s’installe...alors, l’accrochage peut commencer. Voilà qui fait de chacune de ses expositions un évènement unique, telle celle qui, en ce moment, occupe la Casa Carrère à Bages.
Un vaste espace sur trois niveaux, le rez-de-chaussée déjà doté de bas reliefs de pierre, l’un figurant la jetée de Collioure, sacrément connoté, donc. Qu’à cela ne tienne, Brigitte exploite à fond le thème avec une crique, des petits bateaux de papier, et, coup de génie, dans chaque niche, un sémaphore, et la patte BKB. Ancienne graphiste, les lettres, les mots lui importent, d’où, ces listes de mots commençant par la même lettre, et ces vieux exemplaires jaunis du «Monde» qui tapissent des objets de toutes sortes, ou, comme de vieux «Neues Deutschland», servent de support à ses toiles.
Découvrir une exposition de Brigitte, c’est entrer dans un territoire intime, suivre le fil d’une vie. D’ailleurs, elle dispose ça et là divers objets, formes pour confectionner les chapeaux, pièce de bois pour repriser les chaussettes, montres... et, en bas, des photos d’elle, petite fille, avec son jeune frère, ou sur des photos de classe, ou femme libre et indépendante dans sa jeep, autant d’indices. Il y a eu son cheminement artistique, la prison en RDA, les liens familiaux compliqués, la France... A Bages, ce sont plus d’une centaine d’œuvres, de tous formats, à parcourir au fil des étages. On y retrouve les couleurs emblématiques de BKB, blanc, rouge, noir, les successions et répétitions, les boules, les boutons et boutonnières... échos à l’enfance, la famille, aux blessures, à l’enfermement, au sexe, à l’amour. Jusqu’à cet autoportrait, tout en haut, où le visage s’efface pour n’être que reflet du paysage regardé. D’une salle à l’autre, l’oeil est happé par des ensembles, qui, de près, dévoilent de multiples strates, des éléments que l’on peut identifier, d’autres qui restent énigmatiques. Se rapprocher, s’éloigner, un va et vient indispensable, passer de l’éblouissement à l’approfondissement, de la séduction à l’émotion. BKB, une artiste en perpétuelle interrogation, qui ne craint pas d’aller au bout, c’est pour cela qu’elle nous touche si fort.
Après Bages, Brigitte part en résidence à Londres. Tous nos vœux l’accompagnent.

A voir jusqu’au 30 septembre. Du mardi au dimanche de 16h à 19h.
Une mention particulière pour la qualité de la personne chargée de l’accueil.

Auteur: Nicole Gaspon

Source: http://www.i-services.com/membres/newsbox/fiche_news.php?%20uid=109552&sid=78444&idbox=1406&id=97057&show=new